STAE-Toulouse - Science et Technologies pour l'Aéronautique et l'Espace
La lettre d'information n°2 - avril 2011
 
 
Edito
Professeur Alessandro Bottaro, Président sortant du Conseil Scientifique du RTRA STAE


Le RTRA aborde une nouvelle ère par la mise en place de Chantiers d'animation scientifique qui font suite aux appels à projets plus généraux qui ont caractérisé ses précédentes actions. Le réseau bénéficie maintenant de trois années d'expérience et les premiers projets arrivent à échéance. Avec cette nouvelle initiative le RTRA vise une meilleure structuration et un renforcement de la visibilité des actions en cours autour de quelques thèmes qui constituent autant de défis pour l'aéronautique et l'espace, sous le leadership d'un ou plusieurs scientifiques toulousains de renom.
Le conseil scientifique (CS), composé de membres extérieurs au site toulousain dont un tiers d'étrangers, a accompagné la mise en place des projets d'abord, puis des chantiers : il doit également en assurer le suivi et l'évaluation scientifique. Un moment qui nous semble propice à sa réorganisation pour une parfaite adéquation avec cette nouvelle phase de la politique du RTRA. C'est donc un Conseil scientifique revu et en partie renouvelé qui suivra les travaux du RTRA à compter d'avril 2011. Lors de sa dernière réunion, le 9 mars 2011 à Paris, le Conseil a émis des avis sur les propositions de chantier issues de la réflexion engagée en 2009. Ces avis ont été soumis au conseil d'administration. 9 chantiers vont démarrer dès cette année qui sont développés dans ce numéro de la Lettre d'information.
Parmi les actions du RTRA présentées dans ce numéro, on trouve également le séminaire donné par le directeur scientifique de l'ANDRA sur l'initiative d'Observatoire Pérenne de l'Environnement qui pourrait donner lieu à des collaborations avec les projets et chantiers du RTRA. Vous pourrez lire le compte rendu des échanges qui ont eu lieu au cours du petit déjeuner du RTRA sur la Gestion de l'Espace Aérien, thème fondamental pour le domaine aéronautique.
Les projets en phase de conclusion organiseront tour à tour des colloques de restitution et des réunions de fin de projet. Ce numéro de la Lettre présente le colloque intermédiaire organisé par le projet POGEQA alors que d'autres réunions de ce type seront annoncées dans l'Agenda. La base de données des publications des projets enregistrées sur le site s'enrichit de celles du groupe "capteurs pour l'astrophysique". Enfin, le dossier consacré au projet ADTAO (sur l'assimilation de données) est directement accessible sur le site du RTRA.

En vous souhaitant une bonne lecture et une longue vie au RTRA dont je continue à suivre les travaux.
La vie du RTRA
Renouvellement du Conseil Scientifique
Le Conseil scientifique (CS) mis en place dès la création du RTRA en 2007 a accompagné la naissance, puis le développement de ce nouveau dispositif, cet " objet cherchant non identifié ", qui fut accordé aux équipes toulousaines à la suite d'une sélection très stricte. Le CS a veillé à valider l'organisation de recherche complexe, créatrice de réseaux et d'interfaces multiples proposée par le comité de pilotage du RTRA, sur la base d'une consultation large de la communauté scientifique dédiée, en région, à l'Aéronautique et à l'Espace.
Les " chantiers de recherche " créés cette année constituent une illustration des retombées des actions validées par le CS, dès le début 2010, puis par le Conseil d'Administration de la Fondation de Coopération Scientifique "Sciences et Technologies pour l'Aéronautique et l'Espace", auquel le RTRA est adossé. C'est à leur évaluation qu'a été consacrée la dernière réunion du CS en place (lire notre édito), le 9 mars dernier, à Paris. Présidé par Alessandro Bottaro, de l'Université de Gênes, le Conseil a, une fois de plus, veillé à l'excellence des actions d'animation scientifique et de recherche proposées dans le cadre de ces chantiers, à partir d'une grille de critères communs : opportunité, interdisciplinarité, applicabilité, retombées potentielles, positionnement international, qualité du dispositif proposé…

Alessandro Bottaro a présenté la synthèse de cette évaluation aux administrateurs de la Fondation, réunis le 25 mars, à Toulouse. Après un rappel de la genèse de ces chantiers issus des groupes de réflexion de 2009 et des volumes financiers à y consacrer, le conseil d'administration a approuvé ce nouveau dispositif. Les chantiers seront ainsi ouverts dès 2011. Ils associent plus de vingt laboratoires du RTRA autour des services environnementaux, des systèmes embarqués, des dispositifs aéronautiques et des systèmes complexes.
  Lire la présentation des neuf chantiers
A la fin de sa présentation, A. Bottaro a présenté la démission du Conseil Scientifique, dont l'ensemble des membres a estimé qu'il devait se renouveler, dans les perspectives nouvelles offertes par les évolutions du RTRA. Le nouveau CS sera resserré (9 membres dont 3 " non nationaux "). Plus que par le passé, il sera également étroitement associé au suivi et à l' évaluation " permanente " des chantiers et des projets du RTRA, ce qui permettra à ceux-ci d'acqérir une meilleure visibilité tant académique que médiatique. En attendant la constitution définitive du nouveau CS, le Comité de Pilotage du RTRA , renouvelle ses remerciements au CS sortant.
Nous avons appris ensemble et leur devons beaucoup, notamment pour améliorer la qualité et accroître la crédibilité des actions de recherches soutenues ces dernières années
Rencontre avec Astrium
Les rencontres bilatérales entre les industriels et le RTRA se poursuivent. La dernière en date s'est tenue sur le site d'Astrium le 21 mars.
Cette rencontre a été l'occasion pour Dominique Le Quéau de faire une présentation générale du RTRA et de ses objectifs : favoriser les collaborations interdisciplinaires pour faire émerger les solutions destinées à lever les verrous technologiques en liaison avec le potentiel d'innovation technologique des entreprises de l'aéronautique et de l'espace.
La feuille de route de route RTRA et les démarches chantiers / projets, qui en sont les fondements, ont également été présentées. Le RTRA a exposé son objectif d'adresser pour le secteur spatial l'ensemble de la chaine de la valeur, des capteurs aux applications aval.
La mise en place d'ateliers thématiques industrie-recherche a été évoquée pour permettre l'identification des prochains projets du RTRA pour le secteur spatial.
Le budget annuel du RTRA s'établit actuellement à un volume annuel d'environ 4 Millions d'euros pour le secteur aéronautique, espace et systèmes embarqués, dont de 600 à 700 000 euros pour les projets spatiaux.

Deux projets spécifiques ont fait l'objet de présentation de la part de leurs porteurs, et de débats avec les équipes d'Astrium :
- CYMENT " cycle de l'eau et de la matière dans les bassins versants "
- POGEQA " Plateforme d'Observation GEostationnaire pour la Qualité de l'Air "
La qualité des projets a été soulignée par Astrium, ainsi que l'exemplarité de la collaboration RTRA / industrie. Des suites potentielles ont été évoquées telles que le projet SWOT pour le premier et la proposition MAGEAQ pour le second.
Martin Giard, directeur de l'IRAP (Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie), a ensuite présenté les activités de son Institut. Forte d'un effectif de 300 personnes,cette nouvelle Unité Mixte de Recherche a été crée le 1er janvier 2011. Elle résulte du rassemblement des anciens laboratoires LATT, CESR, d'une partie du DTP et de quelques chercheurs et enseignants-chercheurs du LMTG. Les objectifs scientifiques de l'IRAP concernent l'étude et la compréhension de l'Univers et de son contenu : la Terre en tant que planète, son environnement spatial ionisé, le soleil et les planètes, les étoiles et leurs systèmes planétaires, les galaxies, les tous premiers astres et le Big Bang primordial. Cette nouvelle UMR est un pôle majeur de l'astrophysique sol-espace en France. L'IRAP est impliqué dans le projet CASA destiné à développer des électroniques intégrées et intelligentes derrière les têtes de mesure.
ASTRIUM a ensuite présenté ses activités d'instrumentation optique du site de Toulouse, ainsi que les nombreux projets y afférant, SPOT 6/7, Sentinelle 2, Aladin, NAOMI (export), Earth Care /ATLID.
Il a été noté que la technologie SIC avait une importance majeure pour la réalisation des instruments et qu'il y avait beaucoup de potentiel de missions à base de LIDAR, pour lesquelles des nouveaux projets RTRA pourraient être étudiés.
Astrium a ensuite présenté le projet structurant " YourSpaceAvenue ", impliquant les différents acteurs spatiaux en Midi-Pyrénées, pour une offre bas coût et à délai réduit d'une solution spatiale d'entrée de gamme, associant la recherche, l'industrie et la formation sur un transfert accéléré des dernières innovations (satellite, instrument, opérations, applications et services) au moyen de plateformes coopératives partagées, également proposées au sein de la candidature IRT de Toulouse. L'objectif étant de proposer une nouvelle solution compétitive, innovante, rapide pour les missions d'évaluation ou de " gapfillers " des communautés scientifiques ou opérateurs de service.

La visite des salles et des moyens d'assemblage et de test des activités d'instrumentation optique du site a conclu cette rencontre qui devrait être suivie par un rendez-vous de même nature entre le RTRA et les acteurs Astrium Services travaillant sur le volet applications spatiales.

Photos Astrium
Rapport sur le spatial
L'an dernier, à l'instigation de l'INSU, du CNES et du CEA, puis de l'Académie des Sciences, un rapport sur les évolutions à venir des activités scientifiques spatiales a été réalisé, sous la présidence de Jean-Loup Puget. Il a maintenant fini d'être "présenté" à ses commanditaires et peut-être rendu public. Les actions "Espace" du "RTRA pour les Sciences et Technologies de l'Aéronautique et de l'Espace" seront bien sur amenées à s'inspirer de cette réflexion nationale.

Le livre est disponible par l'intermédiaire du service de documentation de l'Académie.
  Présentation du rapport
Nos actions
Un projet sur la mesure de la qualité de l'air
Du 16 au 18 mars 2011 a eu lieu dans le centre de conférences de Météo-France à Toulouse un meeting international de mi-parcours concernant le projet intitulé " Plateforme d'observation géostationnaire pour la qualité de l'air ", en présence d'une quarantaine de scientifiques, dont une dizaine d'experts étrangers.
L'objectif principal du projet POGEQA est d'étudier la faisabilité d'un système intégré de prévision de la qualité de l'air incluant les observations (in situ et satellitaires), la modélisation et l'assimilation de données et se situant dans la dynamique de GMES (Global Monitoring for Environment and Security) et de GEOSS (Global Earth Observation System of Systems ). Le projet, qui porte essentiellement sur le volet spatial de cette étude, doit permettre de:
- mettre en place un système d'assimilation d'observations satellitaires à fine échelle pour l'assimilation et la prévision de la qualité de l'air en Europe ;
- définir et optimiser à l'aide d'expériences de système d'observation simulé un capteur spatial dédié à la mesure de l'ozone et du monoxyde de carbone (CO) dans la troposphère/basse troposphère à haute fréquence temporelle et haute résolution spatiale. Seul un capteur sur orbite géostationnaire peut répondre à ces spécifications.

Les équipes engagées dans POGEQA ont développé un simulateur numérique d'un capteur géostationnaire et montré ainsi les possibilités nouvelles apportées par ces données dans un cadre de prévision de la qualité de l'air.

Ce colloque réunissait autour des équipes françaises, les deux autres équipes qui travaillent sur le même sujet dans le monde : des scientifiques américains de Harvard, du JPL et du NCAR, groupés dans un projet de la NASA et une équipe sud-coréenne. On se propose ainsi de construire une véritable constellation de satellites géostationnaires (Europe-Asie-Amériques) à échelle mondiale dédiée à la surveillance de la qualité de l'air. La mission GEO-CAPE de la NASA est prévue pour 2020 ; celle de Corée, GEMS, vers 2018. La mission européenne franco-allemande MAGEAQ (Monitoring of The Atmosphere From Geostationary Orbit For European Air Quality), piloté par les équipes toulousaines et le Karlsruhe Intitue of Technology en Allemagne, serait proposée à l'Agence européenne ESA dans le cadre du programme Earth Explorer 9 ou de futures missions GMES. Les instruments embarqués, avec une approche multi spectrale permettraient de suivre les concentrations des basses couches de l'atmosphère en ozone et CO.
Exemple de simulation de la colonne partielle 0-3km d'ozone simulée avec MOCAGE pour le 01/07/2009 à 12 UTC en utilisant les caractéristiques d'un instrument IR à bord d'un géostationnaire.

Image du projet POGEQA
Ce colloque a mis en évidence l'avance des équipes toulousaines dans l'aspect assimilation de données, ainsi que les travaux sur l'optimisation par modélisation numérique des caractéristiques du futur instrument spatial MAGEAQ.

Enfin, un dernier résultat de ce colloque a été le fort intérêt porté au projet français de développer un prototype aéroporté de MAGEAQ .Ce prototype serait embarqué dans les avions de recherche basés à Toulouse (Unité Safire), en ballon ou bien encore dans le Global Hawk de la NASA.

Coordinateurs scientifiques : Vincent-Henri Peuch (CNRM), Jean-Luc Attié (LA)
Laboratoires partenaires : Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM, unité Météo-France associée au CNRS), Laboratoire d'Aérologie (LA, unité mixte Université Paul Sabatier/CNRS). Participation du LISA (unité mixte Université de Creteil/CNRS).
L'Environnement sur les longues durées
Le 2 mars, dans la salle de La Rotonde de la Délégation Régionale du CNRS, Patrick Landais, directeur R&D de l'ANDRA* était l'invité du RTRA STAE pour un séminaire sur la thématique du suivi sur le long terme de l'environnement. Le caractère " long terme " des dispositifs est inscrit dans la loi, qui donne mission à l'ANDRA de qualifier les méthodologies de stockage profond des déchets radioactifs avant d'autoriser celui-ci, et d'effectuer le suivi de l'environnement (pédosphère, hydrosphère et biosphère) pendant au moins un siècle.
Patrick Landais a décrit la constitution de " l'Observatoire Pérenne de l'Environnement " (OPE), qui est inclus dans l'opération du MESR sur les Système d'Observation et d'expérimentations sur le long terme pour la Recherche en Environnement (SOERE).
Il a également montré l'importance des moyens mis en oeuvre dans le Laboratoire Souterrain de Meuse/Haute-Marne. Des problématiques proches des préoccupations du RTRA ont été mises en lumière augurant de collaborations futures avec les projets et chantiers présents et futurs.
L'observatoire Pérenne de l'Environnement (OPE)

Situé sur les départements de Meuse et de Haute-Marne, l'Observatoire pérenne de l'environnement (OPE) présente des caractéristiques remarquables associant une durée d'étude d'au moins 100 ans, un territoire d'observation étendu de 900 km2 où plusieurs écosystèmes et bassins versants sont représentés et un champ d'action très large qui couvre l'étude simultanée des compartiments physiques et biologiques de l'environnement.
Une écothèque est également associée à l'Observatoire. Elle sera opérationnelle, dès 2013, pour assurer la mémoire de l'environnement.
Déjà intégré dans une dizaine de réseaux nationaux et internationaux comme le Réseau de Mesure de la Qualité des Sols, les protocoles Vigie-Nature du MNHN, le Réseau National de suivi à long terme des ECOsystèmes FORestiers ou l'Integrated Carbon Observation System, l'OPE vise à constituer un site d'accueil privilégié pour des études pluridisciplinaires relevant en particulier de deux axes privilégiés (les cycles biogéochimiques et la biodiversité) et d'une thématique transverse sur les capteurs environnementaux.
Les recherches bénéficieront :
- de sites d'expérimentation pré - équipés,
- de réseaux multifactoriels d'observation et d'inventaires couvrant la flore, la faune (2000 points de suivi) et la qualité physicochimique et biologique des sols (une centaine de points de suivi) et de l'eau (une quinzaine de stations),
- de stations de mesure des flux de matières et d'énergie entre le sol, l'eau, l'air et la biosphère dans les écosystèmes forestiers et agrosystèmes,
- de moyens informatiques pour le stockage et l'indexation des données.
Le Laboratoire souterrain de Meuse/Haute-Marne

Depuis 2001, les travaux réalisés sur le site de Meuse/Haute-Marne ont permis de mettre en place plus de 900 m de galeries expérimentales -creusées entre 2004 et 2010- situées à près de 500m de profondeur et qui accueillent des expérimentations destinées principalement à analyser la roche in situ et à évaluer ses réactions sous l'effet de différents types de contraintes.
On teste les propriétés hydrauliques de la roche (perméabilité à différents fluides), on détermine la composition et les caractéristiques de l'eau porale ou bien la typologie des communautés microbiennes et bactériennes. Pour ce qui concerne la réponse de la roche à divers types de sollicitations, ce sont principalement les aspects géomécaniques (endommagement, convergence), chimiques (interactions avec différents types de matériaux), thermiques (expériences de chauffe de complexité croissante), hydriques (effets de la saturation et de la désaturation) et ceux liés aux transports des solutés (expérimentations de diffusion avec surcarottage de la roche) qui sont abordés dans le laboratoire souterrain. Des couplages entre ces différents processus sont également étudiés comme l'auto-colmatage de la roche (hydro-mécanique), le transfert de gaz ou l'influence d'une contrainte thermique sur le comportement mécanique de la roche.

Pour mesurer les paramètres susceptibles de rendre compte de ces différents processus, plus de 3000 capteurs sont installés dans le laboratoire souterrain et reliés à un système de gestion des données interrogeable à distance. Depuis 2 ans le laboratoire souterrain sert également à tester de nouveaux capteurs plus performants qui seront destinés à équiper le futur centre de stockage géologique de déchets radioactifs.

Au cours de la discussion qui fut animée et riche, on a mis en évidence plusieurs convergences en matière de nouveaux capteurs et également sur l'approche système embarqué, le dispositif mis en place au laboratoire souterrain étant embarqué dans le temps ce qui correspond au très longues distances des missions spatiales notamment.

* ANDRA : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
Après le post-doctorat dans le projet SYMIAE
Après un post doctorat au RTRA dans le projet SYMIAE, Kremena Makasheva a été recrutée au CNRS le 1er octobre 2010. Nous avons souhaité l'interroger sur son parcours et sur ses impressions.

La lettre : Parlez-nous de votre parcours de chercheuse indépendante et des raisons qui vous ont amenée à solliciter un contrat avec le RTRA STAE à Toulouse ?
KM : J'ai un parcours assez long de chercheuse indépendante dans plusieurs pays. Après des études en physique à l'Université de Sofia, à Sofia, Bulgarie, j'y ai commencé mes activités de recherche dans le domaine de la physique des plasmas et effectué mon master-recherche puis ma thèse (juin 2002). Mon doctorat porte sur une étude théorique aussi bien qu'expérimentale des décharges électriques entretenues par ondes de surface. Une bourse m'avait été accordée par la fondation allemande Alexander von Humboldt, pour la Ruhr-Universität, Bochum, Allemagne. Le séjour en Allemagne a constitué le début de mon expérience internationale. En 2003, je suis partie à l'Université de Montréal (Québec) sur un projet de modélisation numérique de plasmas entretenus par des microondes à la pression atmosphérique. Je considère mon séjour à Montréal comme ayant été une étape-clé pour tester mes aptitudes professionnelles et personnelles. À partir de 2005 j'ai également été Chargée de cours à la Faculté des Arts et des Sciences à l'Université de Montréal et le LPSC de Grenoble m'a offert une collaboration sur la modélisation du "plasma matriciel". Puis en 2007 j'ai rejoint l'équipe de M. Jean-Pierre Boeuf et Mme Leanne Pitchford (DR CNRS du laboratoire LAPLACE à Toulouse). Finalement, en octobre 2008 j'ai répondu à l'annonce concernant le projet SYMIAE (Systèmes Miniaturisés Intelligents pour l'Aéronautique et l'Espace) supporté par le RTRA STAE) que j'ai rejoint en février 2009 dans le groupe DSF du LAPLACE.
La Lettre : Quel a été votre rôle dans le projet SYMIAE dans le déroulement de l'opération ? Composition du groupe, collaborateurs, type de travail, objectifs visés...

K.M. Le projet SYMIAE concerne l'étude des systèmes microélectromécaniques ou " MEMS ". Les MEMS sont des composants présentant des propriétés particulièrement attractives en termes de pertes d'insertion, d'isolation, de linéarité et de puissance consommée, ce qui est en train de bouleverser les approches conventionnelles de conception de circuits. Un des verrous technologiques concerne la fiabilité de ces composants. La principale cause de défaillance de ce type des micro-commutateurs, hormis la fatigue mécanique, est une accumulation de charges électriques dans le diélectrique déposé sur l'électrode fixe.

Vous voyez qu'il s'agit d'un projet ambitieux et pluridisciplinaire qui demande une collaboration réunissant les compétences complémentaires des chercheurs de plusieurs équipes issues de trois laboratoires : le LAPLACE, le LAAS-CNRS et le CIRIMAT. Cette association a permis ainsi, non seulement des solutions originales, mais elle a aussi réuni une panoplie de compétences disciplinaires précieuses en science des matériaux diélectriques, des composants hyperfréquences, composants microondes, physique des décharges électriques et du plasma. C'est ici l'endroit de remercier toute l'équipe de projet SYMIAE : M. Robert Plana, le coordinateur de projet SYMIAE, M. Patrick Pons et M. Fabio Cocceti du LAAS-CNRS ; M. Gilbert Teyssedre et M. Laurent Boudou du LAPLACE et en particulier M. Bernard Despax, DR CNRS au LAPLACE avec qui j'ai travaillé en étroite collaboration lors de la réalisation du projet.
Mon rôle dans le projet concernait l'élaboration de dépôts en couches minces de matériaux diélectriques (oxynitrure de silicium , par exemple) par procédé plasma et leur caractérisation du point de vue physico-chimique et électrique. Une deuxième voie de mon travail était l'établissement de corrélation entre les conditions opératoires du plasma (puissance, pression du gaz, type de mélange, flux de gaz…) et les propriétés des couches tout en prenant en compte la compatibilité entre le procédé plasma et les contraintes de la filière technologique de fabrication des MEMS.

La Lettre : Pouvez-vous nous décrire rapidement les résultats que vous avez obtenus pour le Projet SYMIAE?

K.M. : Pour accélérer l'évacuation des charges électriques déposées sur la surface de la couche diélectrique et ainsi proposer une solution au problème du chargement du diélectrique dans les MEMS RF, nous sommes partis de l'idée d'élaborer des matériaux à gradient de propriétés, en l'occurrence constitués de multi-couches de composition et caractéristiques diélectriques variables et contrôlées. Avant de caractériser les propriétés de la structure multi-couches, nous avons réalisé des dépôts de couches individuelles pour étudier séparément leurs propriétés physico-chimiques et électriques.
Plusieurs méthodes de diagnostic sont utilisées pour la caractérisation des couches minces ainsi élaborées : éllipsometrie spectroscopique, FTIR (Fourier Tranform InfraRed Spectroscopy), EFTEM (Energy Filtered Transmission Electron Microscopy) et HREM (High Resolution Electron Microscopy). Nous les détaillerons dans un prochain dossier du RTRA.

Dans le cadre de ce même projet SYMIAE j'ai mené également une analyse théorique des mécanismes de chargement des matériaux diélectriques en AFM établissant des discussions entre l'équipe DSF du LAPLACE et l'équipe Nanotech du LPCNO de l'INSA de Toulouse, Nous avons identifié l'émission par effet de champ comme mécanisme principal de dépôt de charges en AFM. Ce sujet, pour lequel nous avons investi beaucoup de temps et d'efforts a donné déjà des résultats et une poursuite de la collaboration est tout à fait justifiée.
Image par microscopie à transmission d'électrons d'une structure multi-couches.
La Lettre : Nous l'avons dit, vous avez été recrutée au CNRS à la fin de ce stage. Que représente pour vous ce nouveau poste ? Comment voyez-vous la suite de votre carrière notamment vis-à-vis de votre indépendance passée ?

K.M. En 2010 je me suis présentée au concours de CR1 du CNRS dans deux sections : section 08 (Micro et nano - technologies, électronique, photonique, électromagnétisme, énergie électrique) et section 10 (Milieux fluides et réactifs : transports, transferts, procédés de transformation). C'est en section 10 du CNRS que j'ai finalement été admise, puis recrutée comme Chargée de recherche 1ère classe pour travailler sur " L'élaboration des matériaux nanocomposites en utilisant les propriétés des plasmas réactifs " avec affectation au laboratoire LAPLACE à Toulouse à partir de 1er octobre 2010. Je fais partie maintenant de l'équipe MPP (Matériaux et Procédés Plasma) du LAPLACE que je voudrais remercier pour son soutien sans réserve lors de la préparation des concours et pour son accueil ensuite. Cette nouvelle situation me permet, par la perspective qu'elle donne dans le temps, de lancer d'abord une campagne de propositions de projets en étroite collaboration avec mes collègues du projet SYMIAE, mais aussi avec d'autres chercheurs du site Toulousain : les laboratoires CEMES et LISPB ou au niveau national avec le laboratoire GREMI à Orléans. Une deuxième possibilité que le poste de chercheure au CNRS m'offre est de prendre la responsabilité d'encadrement des doctorants. L'encadrement d'un doctorant demande une stabilité sur trois ans minimum à la fois au niveau financier pour assurer le travail de recherche à travers des projets scientifiques, au niveau dissémination des résultats aux congrès nationaux et internationaux et finalement lors de la période de rédaction du mémoire, c'est-à-dire pour la totalité de la période du début de la thèse jusqu'à la soutenance.
J'ai appris beaucoup lors de mon parcours de chercheuse indépendante regroupant différents thèmes de recherche. Le lien entre les projets développés reflète mon goût pour la construction d'une stratégie scientifique dans laquelle s'intègre la diversité de mes activités de recherche. J'espère pouvoir consolider mes activités dans le domaine des procédés plasmas et renforcer l'axe de recherche émergeant au LAPLACE sur les matériaux nanocomposites à travers des projets novateurs et fédérateurs.
Nos publications

A Low Power CMOS Instrumentation Chain for Micro-Channel Plates in Astrophysics
Auteurs : F.Bouyjou, O.Bernal, H.Tap-Béteille, J.A.Sauvaud
201104
Parution : IEEE Sensors Journal, April 2011,
Vol 11, Issue 4, page(s): 1040 - 1045

Nom du projet : CASA

Fresnel imager tetbeds: setting up, evolution, and first images
Auteurs : J.-P. Rivet, L. Koechlin, T. Raksasataya, P. Deba, R. Gili
2010076
Parution : Experimental Astronomy DOI10.1007/s10686-011-9213-x
Nom du projet : FDAI-UV

> Toutes les publications

 
 
Sommaire
 Edito
 La vie du RTRA
 
    Renouvellement du Conseil Scientifique
 
    Rencontre avec Astrium
 
    Rapport sur le spatial
 Nos actions
 
    Un projet sur la mesure de la qualité de l'air
 
    L'Environnement sur les longues durées
 
    Après le post-doctorat dans le projet SYMIAE
 
 

Colloque de restitution CYMENT : 12 mai 2011
Depuis 3 ans, des équipes toulousaines spécialisées dans l'étude de l'environnement, à...

Ecole internationale RF-MEMS du 4 au 8 juillet
La 7ème Ecole d'été internationale RF-MEMS se tiendra à Toulouse du 4 au 8 juillet 2011.

Une lauréate du prix Amelia Earhart à Toulouse
Décerné tous les ans par le Zonta International, le prix 2011 récompense une doctorante du...


Modélisation du problème inverse : projet ADTAO
Partant d'une nouvelle modélisation du problème inverse, les premiers résultats du projet ADTAO s'appliquent à la gravité terrestre, à la circulation océanique et à la météorologie. Un second cercle d'applications sera envisagé dans les prochaines étapes sur des thématiques dépassant le champ des géosciences, comme par exemple l'aéronautique et la neutronique.
Ce dossier N°2 présente les premiers résultats...
  Lire le dossier