STAE-Toulouse - Science et Technologies pour l'Aéronautique et l'Espace
La lettre d'information n°13 - avril 2014
 
 
Edito
Par Yvan Ségui, Directeur de la Fondation STAE
Le Conseil d'administration de la Fondation de Coopération Scientifique STAE, réuni le 30 janvier 2014, m'a nommé pour diriger la Fondation STAE. Je mesure tout à la fois l'honneur qui m'est fait et la difficulté de la tâche qui m'incombe en cette période cruciale qui décidera de l'avenir de la Fondation. Je voudrais avant toute chose adresser ma reconnaissance et mes remerciements à Dominique Le Quéau qui a assuré la direction de la Fondation depuis 2010. Sous son impulsion des idées nouvelles ont pris corps, un
dynamisme remarquable s'est installé et la Fondation est maintenant une structure connue des acteurs locaux et qui tient toute sa place dans l'écosystème régional.

Depuis sa création, la Fondation a financé 22 projets, ce qui a permis d'injecter dans les structures de recherche publique plus de 16 MEuros. La plupart de ces projets ont eu des suites dans le cadre de projets ANR, de projets européens ou autres. Ceci est une satisfaction pour la Fondation qui voit indirectement son action se prolonger avec le sentiment que c'est grâce à cette mise de fond initiale que ces projets nationaux ou européens ont pu naître. L'autre grand motif de satisfaction concerne le taux important de post-doctorants qui, à l'issue de leur passage par les projets de la Fondation, ont obtenu des CDI dans la recherche publique ou dans l'industrie.
Dès 2011, la Fondation a innové en termes de structuration régionale de la recherche en suscitant et finançant des chantiers, aujourd'hui au nombre de 14, qui ont pour objectif de créer une réflexion à l'intérieur d'un périmètre scientifique et donner ainsi une cohérence à une communauté dispersée dans plusieurs entités de recherche. Beaucoup de ces chantiers ont conduit à des projets dont bon nombre sont maintenant financés par la Fondation. Nous poursuivrons seuls, ou en partenariat, l'effort de soutien à ce mode d'organisation.

Pour poursuivre son rôle de financement d'une recherche académique orientée vers un domaine d'application, la Fondation doit trouver la meilleure articulation possible avec les structures mises en place postérieurement à sa création en particulier l'IDEX au travers de son action transversale Aéronautique et Espace et l'IRT Saint Exupéry. Bien sûr le pôle de compétitivité AESE et la région Midi-Pyrénées sont aussi les acteurs avec qui la Fondation STAE devra articuler son action. Chacune des quatre structures identifiées ci-dessus a un rôle propre et il n'y a pas, à proprement parler, de doublons. Toutefois les outils qui assurent la complémentarité sont à mettre en place et je suis persuadé qu'en réussissant cette opération tous les acteurs en sortiront gagnants que ce soient les entreprises qui pourront obtenir des avantages compétitifs issus de l'innovation, où les laboratoires publics de recherche qui trouveront dans les questionnements technologiques des problèmes scientifiques génériques. La Fondation STAE a l'intention de jouer un rôle très actif dans la mise en place d'une organisation régionale allant de l'élaboration de nouveaux concepts jusqu'aux produits et fonctions dans le domaine AESE. C'est notre responsabilité collective que de transformer l'extraordinaire richesse du tissu local, tellement riche qu'il est souvent perçu comme très complexe, en une machine où la création scientifique et l'activité économique seront en synergie.
La vie du RTRA
RESULTATS DE L'APPEL A PROJETS 2013
Par Daniel Guédalia, membre du Comité de pilotage

Un appel à projets a été lancé par le RTRA STAE en avril 2013. Le retour des propositions était fixé en juillet 2013.
Le Conseil scientifique a donné son avis le 27 novembre 2013 et finalement le Conseil d'administration a approuvé les propositions faites par le Comité de Pilotage le 30 janvier 2014.

Cet appel d'offres s'adressait en priorité aux équipes impliquées dans les "chantiers" mis en place depuis 2011. Ces chantiers ont pour but principalement de faire émerger une animation scientifique entre des équipes de domaines différents, avec pour objectif de lever les verrous scientifiques ou technologiques du thème concerné.

En tout, 25 projets ont été reçus, dont 15 directement issus des travaux des chantiers ou groupes de travail. Le montant total demandé était de 12.3 millions d'euros.

Le Conseil scientifique a tenu à remarquer la bonne à très bonne qualité des projets dans son ensemble et, après analyse, a classé les projets en A+ (9 projets) ; A (6 projets), B (7 projets) et C (3 projets). Compte tenu de l'enveloppe financière disponible, le Comité de pilotage a proposé au Conseil d'administration de financer tous les projets A+ et 3 projets A, soit en tout 12 projets. Le montant financier alloué à ces projets est de 5.4 millions d'euros, soit un soutien moyen par projet de 450 KEuros. Dans la très grande majorité des cas, la durée du projet est de trois ans.

La pluridisciplinarité est une des caractéristiques des projets soutenus. Ainsi 23 laboratoires sont impliqués dans les 12 projets.
Il est important de remarquer que 75% du soutien est sous forme de salaires (post-doctorants et ingénieurs), ce qui a toujours été la "marque de fabrique" du RTRA.
Les projets soutenus par le RTRA STAE :
> 3PCKEYS - Processus clé dans la croissance des poussières en réacteurs plasma et dans les étoiles
Chantier : 3PC
Laboratoires impliqués : IRAP, Laplace
> ATRIUM - Innovative three-dimensionnal laser imaging for combined UAV guidance and airborne mapping
Groupe de travail : OPTIM
Laboratoires impliqués : ONERA, ISAE, LAAS
> AVENUE - Assimilation variationnelle ensemble unifiée
Chantier : MOMA
Laboratoires impliqués : CERFACS, CNRM, GET, IRIT
> CARPE - Contrôle actif robuste d'écoulement de plaque épaisse
Groupe de travail : FLOCON
Laboratoires impliqués : IMFT, IMT, ISAE, LAAS, ONERA
> CRUE-SIM : Transport de l'eau et de la matière depuis les bassins versants jusqu'à la mer dans les systèmes caractérisés par des crues éclairs.
Chantier : SEDILION
Laboratoires impliqués : LA, ECOLAB, IMFT
> MIACTIS - Microsystèmes intégrés pour l'analyse de composés en trace in-situ
Chantier : ICE
Laboratoires impliqués : LCA, ECOLAB, LEGOS, LCC
> MUSICQA - Modélisation des mesures spatiales pour le climat et la qualité de l'air
Laboratoires impliqués : LA, CERFACS, CNRM
> PRISM - Potentialité de la réflectométrie GNSS in-situ et mobile (aéroportée et/ou satellitaire)
Laboratoires impliqués : GET, CESBIO, CNRM, ECOLAB
> REGARD - Modélisation des ressources en eau sur le bassin de la Garonne : interaction entre les composantes naturelles et anthropiques et apport de la télédétection
Chantier : TEREAU
Laboratoires impliqués : CNRM, CERFACS, CESBIO, ECOLAB, GET
> SIMACO3FI - Simulation d'un moteur aéronautique complet par couplage de codes fluides instationnaires
Chantier : PHYSCALE
Laboratoires impliqués : CERFACS, ISAE, ONERA
> SKYSCANNER - Drone pour l'étude des flux aérologiques
Chantier : MAV-RC
Laboratoires impliqués : LAAS, CNRM, ENAC, ISAE, ONERA
> VIMA - Vieillissement de matériaux avancés
Chantier : VIMA
Laboratoires impliqués : CIRIMAT, CERTOP, CEMES, IMRCP, LAAS, LGE, LCC, LAPLACE
FALL MEETING 2013
Par Dominique Le Quéau, membre du Comité de pilotage

Comme chaque année, les " Rencontres d'Automne " de la Fondation STAE, se sont déroulées le 28 Novembre, en l'Hôtel d'Assézat. Elles ont réuni pendant un grande matinée, ponctuée du traditionnel buffet posters de midi, environ 150 personnes particulièrement studieuses et attentives, provenant en majorité de Midi-Pyrénées, mais aussi, pour la première fois, d'Aquitaine et d'autres régions.
Année de transition, 2013 a suscité un programme axé sur le bilan de l'Ere 1 du RTRA, que l'on peut considérer comme close par le financement de l'appel à projet examiné par le Conseil d'Administration au début 2014, et sur ce que pourrait être son Ere 2, mieux concernée que par le passé par les innovations issues des activités de recherches financées par la Fondation.

C'est à ce titre que l'ordre du jour a été principalement consacré aux niveaux de maturité technologique atteint par les projets terminés ; les projets CASA, CYMENT, EMMAV, I2MC, MAISOE, PLASMAX et SYMIAE avaient ainsi été caractérisés à la date du Fall meeting et leur degré d'avancement potentiel présentés par Henri-Paul Brochet, membre du Comité de pilotage.

Dans le même esprit, et pour faire oeuvre de communication auprès des communautés scientifique et industrielle présentes à cette manifestation, les présentations effectuées au cours des "Rencontres" ont été focalisées sur les dispositifs existants, en cours de montage et/ou de mise en place, dédiés à la facilitation de l'innovation et au développement de nouvelles entreprises "innovantes" : Midi-Pyrénées Innovation et Toulouse Tech Transfert, spécifique à la région Midi-Pyrénées, le Pôle Aerospace Valley et l'IRT Saint Exupéry, bi-régionaux et plus spécifiquement dédiés à la filière aérospatiale, CEA Tech et ONERA Tech, qui constituent des opérations nationales aux thématiques plus génériques. Ces diverses opérations ont été décrites et commentées par leurs responsables respectifs.

Le Fall Meeting 2013 a été l'occasion de présenter à la communauté régionale M. Yvan Ségui, qui a pris la direction de la Fondation depuis le 1er février 2014.
Nos actions
NIVEAU DE VALIDATION TECHNOLOGIQUE DES PROJETS DU RTRA
Par Henri-Paul Brochet, membre du Comité de pilotage

Le niveau de validation technologique des projets et leurs retombées industrielles ou économiques potentielles ont été, dès l'origine, une préoccupation importante pour la FCS STAE, sans pour autant qu'il n'y soit apporté de réponse structurée.
Le rapport AERES conduit en 2013 souligne cette lacune.
L'environnement actuel de la Fondation, la nouvelle orientation des pôles vers les marchés, la création de l'IRT, la mise en place des SATT, montrent une volonté générale de valoriser les activités de recherche, de mettre l'accent sur le passage des résultats de recherche, des inventions, à l'innovation et aux retombées porteuses de développement économique.
Il a donc été décidé de mener une action spécifique au sein de la Fondation STAE afin d'estimer l'intérêt des résultats des projets financés par la Fondation.
Validation technologique n'implique pas obligatoirement retombées industrielles ou économiques, et vice versa, néanmoins elles sont liées dans la plupart des cas et nous proposons de traiter les deux aspects simultanément.

METHODOLOGIE

L'étude porte sur une vingtaine de projets terminés.
Il est procédé par entretiens de deux heures environ avec les différents chefs de projet. Les entretiens sont assortis de visites des plates-formes d'expérimentations
La conclusion de ces entretiens consiste d'une part à situer le projet sur une échelle de TRL de 1 à 9 et d'autre part à estimer son potentiel de retombées industrielles ou économiques.

TRL

Les TRL forment une échelle d'évaluation du degré de maturité atteint par une technologie. Cette échelle a été imaginée par la Nasa en vue de gérer le risque technologique de ses programmes. Initialement constituée de sept niveaux, elle en comporte neuf depuis 1995.
L'échelle des TRL a depuis été adoptée par de nombreux domaines, dont celui notamment de la défense dans le même but principal de gestion du risque technologique dans les programmes, moyennant quelques adaptations minimes (remplacement de la notion d'espace par la notion d'environnement opérationnel).

RETOMBEES INDUSTRIELLES

Pour l'estimation des retombées économiques et industrielles potentielles, l'analyse des projets permet de concrétiser, à l'aide d'une grille d'analyse les éléments suivants:

- Degré d'innovation
- Fiabilité / reproductibilité
- Possibilités de brevets / propriété intellectuelle
- Degré de généricité (universalité)
- Echelle de temps pour maturation, courte / moyenne / longue
- Domaine d'application potentiel AESE, autres domaines de valorisation
- Intérêt pour l'industrie, Grands Groupes / PME
- Autres retombées économiques (marchés) ou sociétales
- Lien avec les Pôles / l'IRT / autres
- Partenariats industriels existants
- Complément de recherche nécessaire / deuxième phase

LISTE DES PROJETS ANALYSES

A mi-mars 2014, nous avons réalisé l'analyse des projets suivants :

- SYMIAE (Systèmes miniaturisés intelligents pour l'aéronautique et l'espace)
- CASA (Capteurs astrophysiques et leurs instruments associés)
- I2MC (Instrumentation multi capteurs pour les matériaux et structures composites)
- CYMENT (Cycle de l'eau et de la matière dans les bassins versants)
- FDAI-UV (Imageur de Fresnel)
- PLASMAX (Interactions micro-ondes/plasmas et applications spatiales)
- ARCS (Stabilité des structures)
- EMMAV (Electroactive morphing for micro-airvehicules)
- MAISOE (Microlaboratoires d'analyses in situ pour des observatoires environnementaux)
- ITAAC (Impact du transport aérien sur l'atmosphère et le climat)
- POGEQA (Plateforme d'observation géostationnaire de la qualité de l'air)


PREMIERS CONSTATS

- Général
La démarche, qui suscite un intérêt certain auprès des responsables de projets, a démontré que les projets sont tous porteurs de potentiels d'application à plus ou moins long terme, et qu'il faut 5-6 ans pour concrétiser de l'innovation à partir de la recherche, et plusieurs projets intéressent les grands groupes industriels.
Par ailleurs il a été constaté que les personnes financées par la STAE ont généralement trouvé un emploi à la fin du projet.
Sur le plan méthodologique, les projets ont permis de rapprocher des communautés qui ne travaillent pas toujours ensemble et d'améliorer également les méthodes collaboratives.

- Niveaux de TRL
Au terme des projets, le TRL se situe généralement entre 3 et 5 selon les projets. Néanmoins, quelques uns sont restés à TRL 2.
Fort logiquement, on constate que les projets à contenu technologique et/ou développement de composants ont un TRL final plus élevé que ceux qui ont des contenus plus "système".

- Retombées industrielles ou économiques
D'une manière générale, tous les projets présentent un caractère innovant affirmé.
La fiabilité et la reproductibilité des résultats ou des technologies sont présentes dans une certain nombre de cas très précis ou au sein de parties du projet.
Peu de brevets ont été déposés, la priorité est donnée aux publications, néanmoins, des possibilités existent, mais la confrontation avec le marché est nécessaire pour la concrétisation.
Bien que la cible des projets soit le domaine Aéronautique, Espace et Systèmes Embarqués, on a généralement identifié des domaines de valorisation autres que AESE, tels que le nucléaire, le transport, le médical ou les services environnementaux.
Au plan des relations avec le monde industriel, on a noté que la plupart des projets ont un partenariat ou une collaboration avec une PME, ce qui favorise la montée en TRL, et que les partenariats avec les grands groupes industriels pendant le déroulement des projets étaient peu nombreux.
Des liens avec les Pôles et l'IRT apparaissent également, soit à travers des projets collaboratifs pour le Pôle, soit en amont des projets de l'IRT.
Enfin, d'une manière générale, des compléments sont nécessaires pour la maturation des projets, la démarche "chantiers" paraît bien adaptée pour cela.

SUITES

L'analyse en cours permet effectivement de déterminer le TRL atteint au terme des projets, et elle s'affine avec l'expérience.
L'estimation des retombées industrielles et économiques permet de donner du sens et des possibilités de poursuite ou de réorientation des projets les plus prometteurs.
Pour les projets dont le TRL est resté bas (2-3), les suites peuvent se concrétiser à travers les chantiers ou les nouveaux appels à projet.
Pour les projets dont le TRL a atteint un niveau 4-5, les suites sont possibles via un projet ANR. Une autre voie est l'intérêt potentiel pour le monde industriel avec des projets de développement commun avec un industriel ou via l'IRT si le projet rentre dans sa stratégie technologique.
D'ores et déjà, le RTRA a décidé de poursuivre l'analyse sur les projets qui se terminent en s'efforçant de réaliser cette action à l'issue de la réunion de restitution des projets qui arrivent à leurs termes.
L'ATELIER "PEIGNES OPTIQUES DE FREQUENCES : DES SOURCES AUX APPLICATIONS"
Par Françoise Lozes-Dupuy, LAAS, responsable scientifique du chantier OPTIM

L'atelier "Optical Frequency combs : from sources to applications", organisé conjointement par le groupe de travail OPTIM “Optique et Images” du RTRA et le Centre de Compétences Techniques “Optoélectronique” du CNES, s'est tenu le 12 février 2014 à l'Institut Aéronautique et Spatial (Toulouse).
Une soixantaine de participants, regroupant les principaux acteurs européens, avait pour objectif de faire le point sur les techniques les plus avancées de génération de peignes ainsi que sur les approches technologiques offrant une mise en oeuvre pratique pour de multiples applications.

L'avènement des peignes de fréquences est une révolution en métrologie temps-fréquence qui permet notamment de couvrir et d'interconnecter l'ensemble du domaine spectral de l'UV aux microondes. Un développement à fort impact prévisible concerne la génération de fréquences microondes à très faible bruit de phase qui pourrait supplanter les sources microondes actuelles, particulièrement pour les radars ou la synchronisation de signaux. Les présentations invitées ont mis l'accent sur l'émergence de solutions pratiques "portables", à base de diodes laser monolithiques à modes bloqués ou de microrésonateurs diélectriques à fort coefficient de qualité, ainsi que l'impact de ces techniques pour l'instrumentation ultime ou les télécommunications multi-canaux à très haut débit.
D'importants progrès sont attendus sur l'avancée des connaissances en astronomie, en géophysique, sur les variations spatio-temporelles des constantes fondamentales, la spectroscopie moléculaire, etc. Il apparaît une importante rupture en instrumentation grâce à une approche interférométrique à base de "double peigne" qui pourrait remplacer la spectroscopie de Fourier à base d'interférométrie de Michelson, sans déplacement d'optique, avec une ultra-sensibilité et un temps de mesure ultra-court.
Enfin, une nouvelle révolution se prépare grâce à la distribution de fréquences optiques de référence par un réseau de fibres optiques. Une expérience originale du transfert de fréquence de référence ultra-stable à 1,55 µm par le réseau RENATER est en cours de déploiement, le site toulousain devant en bénéficier dans un avenir proche.
L'ATELIER "NANOMATERIAUX, NANO-OBJETS POUR LA DETECTION ET LES CAPTEURS"
Par Philippe Behra, LCA, responsable scientifique du chantier ICE
et Pierre Temple-Boyer, LAAS
Nanoparticules d'or de taille 7-8 nm obtenues à partir de la décomposition de AuCl tétrahydrothiophène en présence d'un agent stabilisant (1-dodécylamine : DDA) en milieu tétrahydrofurane et CO durant une nuit à 70 °C (d'après Debouttière et al., Gold Bull. (2013) 46, 291-298)
L'atelier "Nanomatériaux, nano-objets pour la détection et les capteurs" a été organisé dans le cadre du chantier "Instrumentation & Capteurs Environnementaux", du 2 au 4 décembre 2013 à l'Auberge du Pastel à Nailloux.
Cet atelier a permis de rassembler durant quatre demi-journées 55 personnes de France, d'Espagne, d'Italie et de Suisse, représentant les communautés académique et industrielle intéressées par la synthèse, l'étude et la caractérisation de nanomatériaux et autres nano-objets en vue d'une part d'évaluer et établir leurs potentialités en matière de détection chimique, biochimique et biologique, et d'autre part d'identifier des projets de collaboration et de nouvelles directions de recherche. Les orateurs invités ont présenté durant 40 minutes un état de l'art dans leur domaine sur des thématiques couvrant le périmètre de l'atelier, à savoir les nano-objets ainsi que les nanocapteurs pour la détection de gaz ou pour la détection en solution.
Durant cette manifestation, tous les participants ont eu l'opportunité de présenter leurs résultats sous forme d'affiches, des pauses et des séances spécifiques étant spécialement prévues dans ce but, l'objectif étant de favoriser les échanges et d'initier des collaborations.
Cet atelier s'est terminé par une table ronde à laquelle ont participé Hervé Delprat (MICS, Neuchâtel, Suisse), François Demangeot (VP CS, Université Paul Sabatier), Frédéric Dumestre (NanoMEPS, Toulouse), Vincent Humblot (Université Pierre & Marie Curie, Paris), Edouard Llobet (Université Rovira et Virgili, Tarragone, Espagne), Pascal Mailley (CEA-LETI, Grenoble), Yvan Segui (RTRA, directeur adjoint) et Sabine Szunerits (Université de Lille, Lille).

Les principales conclusions de cet atelier et de la table ronde animée par Philippe Behra sont les suivantes :

- Les participants dans leur ensemble ont apprécié les présentations, jugées de qualité ; ils ont souligné l'intérêt de se retrouver dans un lieu convivial facilitant les discussions aussi bien à l'issue des exposés que durant les séances d'affiches ou les repas, ce qui a permis pour certains de préparer des projets aussi bien nationaux qu'européens.

- Le grand intérêt pour le développement de capteurs de gaz, le verrou majeur mis en avant étant la sélectivité, ainsi que le développement des capteurs en phase liquide et les aspects de biocontamination associée ont été mis particulièrement en avant.

- Dans les deux cas, l'analyse des besoins et la mise en place de prospectives dans le cadre du développement des nanoparticules a été appréciée ; cela passe par la synthèse chimique de nanomatériaux ouvrant de nouvelles perspectives ; ces aspects ont couvert notamment les différentes technologies de fonctionnalisation, de caractérisation et de microfabrication, le tout en cohérence au niveau applicatif ; si l'intérêt pour l'ouverture de recherche vers le développement de capteurs, il a cependant manqué des présentations d'applications de capteurs environnementaux en situation sur le terrain.

- Il ressort le besoin de promouvoir des discussions avec les laboratoires pourvoyeurs de technologies applicables comme le LAAS, l'ISA, le LETI, afin d'aller du nanomatériau à la réalisation de microdispositifs intégrés utilisables pour l'analyse de milieux réels in-situ.

- Le manque de présentation de la chaîne complète de développement des nanocapteurs a été fortement souligné ; ceci provient du fait que cette chaîne est inexistante actuellement du fait de la "vallée de la mort" du développement des microcapteurs : des idées mais aucune concrétisation ; aucune présentation n'a permis d'associer les aspects de modélisation/simulation aux " nanomatériaux/nanocapteurs " ;

- A l'échelle de la région Midi-Pyrénées, il a été souligné une dispersion des forces en matière de synthèse, de caractérisation et d'application des nanomatériaux (forces pas assez tournées vers la recherche pluridisciplinaire).

- Ces constats font qu'il est nécessaire de partager des expériences et des résultats avec les industriels pour aller vers l'innovation à partir des recherches des laboratoires publics ; il a été souligné l'absence d'industriels (seulement 7) en grand nombre à l'atelier ; les raisons sont-elles liées au conflit d'intérêt, à la confidentialité, à une date d'atelier mal choisie (décembre) ou au manque d'intérêt pour cette thématique ?

- En réponse à ces remarques, les industriels présents ont souligné leur intérêt à participer à cet atelier car ils en ressortent avec une meilleure vision de ce qui se fait au niveau R&D ; cependant, ils ont indiqué qu'il leur était difficile de faire ressortir des applications concrètes et de faire le lien avec leurs besoins concrets dans l'immédiat ; il leur semble cependant important, compte tenu du champ spécifique dédié aux "nanomatériaux/nano-objets", de partager les expertises entre académiques, institutionnels et industriels.

- La représentante de la société TOTAL a rappelé que sa société n'était qu'utilisatrice et ne développait pas de nanocapteurs du fait de la difficulté de choix parmi un grand nombre de développements.

- Dans le cas de l'ANDRA, l'intérêt est fort pour tout ce qui touche au développement de capteurs pour l'analyse de l'atmosphère, de l'eau et des sols ; il apparaît un manque de maturité industrielle des capteurs de gaz et pas ou peu de réponse concrète en ce qui concerne les capteurs en phase liquide, peut-être du au fait du manque de présentations sur les capteurs environnementaux.

- Un point important a été plusieurs fois souligné : la nécessité de travailler tous ensemble sur l'ensemble de la chaîne R&D-industrialisation-application, sachant qu'il faut s'interroger jusqu'où les laboratoires doivent aller au niveau R&D.

- Une solution serait sans doute de demander au CEA Tech, à Toulouse Tech Transfer ou à l'Onera Tech de faire le lien entre les laboratoires universitaires et l'industrie, sachant les réelles difficultés à prévoir les développements industriels au niveau du laboratoire, ce qui nécessite des contacts en amont pour orienter les recherches ; dans ce cas, les différents partenaires potentiels sont confrontés au problème de confidentialité au niveau des industriels.

En conclusion, il est certainement nécessaire de faire évoluer le système français voire même de le changer. En effet, (i) la R&D n'est pas suffisamment valorisée au niveau des formations, surtout dans les universités contrairement aux écoles d'ingénieurs ; (ii) l'industrie ne connaît pas suffisamment ce qui se fait dans les laboratoires ; (iii) les financements ne permettent pas de suivre la chaîne de développement de TRL1 à TRL9 (estimation : ~ 50 MEuros). Ceci passe donc par le besoin de convaincre les politiques de l'urgence de changer les mentalités et de mettre en synergie industriels et chercheurs. L'idée de financer la mise en place de plateformes de recherche académique-industrie en s'appuyant sur les instituts de transfert technologique (SATT, IRT, CEA Tech…) est certes une première étape. Mais elle reste insuffisante dans la mesure où il devient crucial de créer rapidement au niveau national un centre unique pour coordonner la recherche et les développements de cette thématique autour des systèmes intégrés afin de supprimer ce qui existe aujourd'hui, c'est-à-dire les multiples guichets de financement, dispersant et saupoudrant les faibles moyens mis à disposition. La lisibilité du système français ne pourra en gagner que plus de lisibilité à tous les niveaux, à l'échelle du laboratoire jusqu'à l'industrialisation.

Comité d'organisation : Pierre Fau, Katia Fajerwerg et Myrtil Kahn (LCC), Pierre Gros (LGC), Pierre Temple-Boyer et Philippe Ménini (LAAS), Brigitte Dubreuil et Philippe Behra (LCA)
Secrétariat : Isabelle Bauviès (LCA) ; Site internet : Isabelle Nolhier (LAAS)
  Voir le programme de l'atelier
LE PROJET "ACCLIMAT"
par Valéry Masson, Météo-France, Responsable scientifique du projet ACCLIMAT

Relever le défi de l'adaptation au changement climatique des villes est particulièrement ambitieux. Le projet ACCLIMAT, financé par le RTRA-STAE, vise à y répondre.
Jusqu'à l'horizon 2100, le projet s'attache à étudier les interactions entre processus de développement de la ville, micro-climat urbain et changement climatique.

Des scénarios prospectifs ont été imaginés pour l'agglomération toulousaine : comment les simuler ? Comment quantifier leurs impacts ? Quels leviers permettent-ils d'identifier pour adapter nos villes ?

Le projet de recherche ACCLIMAT "Adaptation au Changement CLIMatique de l'Agglomération Toulousaine" a ainsi regroupé sous l'impulsion du RTRA, pendant quatre ans, une équipe très interdisciplinaire de chercheurs toulousains. Les laboratoires partenaires, Météo-France, CERFACS, CIRED, GEODE, Laboratoire d'Architecture de Toulouse, IMT et ONERA regroupaient ainsi des météorologistes, climatologues, spécialistes en calcul scientifique, mathématique, mais aussi en architecture, géographie et économie. De plus, l'Agence d'Urbanisme et d'Aménagement Toulouse Aire Urbaine (AUAT), a été un acteur clef tout au long du projet.

Pour répondre à la complexité du système ville, ce projet s'appuie essentiellement sur la modélisation numérique des processus et leurs interactions (développement urbain et micro-climat urbain, expansion et spatialisation, morphologie urbaine et consommation énergétique), ainsi que sur le développement de méthodes (descente d'échelle, combinaison de bases de données et couplage de code). Cette action a débouché sur la réalisation d'une plateforme de simulation tout à fait novatrice, plateforme utilisée ensuite dans le cadre du projet, et maintenant reprise et étendue par le bureau d'études de Météo-France pour applications potentielles à d'autres sites.

Parmi les nombreux résultats issus du projet, on peut citer :

- Une politique ambitieuse d'urbanisation plus sobre en termes de consommation des ressources à l'échelle de l'aire urbaine (ville compacte ou archipel) nécessite d'être mise en oeuvre rapidement.

- Une ceinture verte, si elle est considérée comme un projet de territoire figé, peut avoir sur le long terme l'effet inverse de celui escompté au départ, augmentant fortement les mouvements pendulaires journaliers vers le centre-ville, au point d'être plus importants que si la périurbanisation diffuse continuait.

- En ce qui concerne le climat en ville, l'influence de la végétation est bénéfique.

- Un levier potentiellement efficace consiste à agir pour améliorer les comportements énergétiques des habitants et usagers.

- Il faudra trouver des mécanismes d'incitation pour accélérer la rénovation des bâtiments existants.

- Le réchauffement climatique induira une plus forte baisse de la consommation de chauffage. Il pourrait par contre, s'il est assez prononcé, conduire à un pic de consommation d'électricité en été, en cas de généralisation de la climatisation.
Il est à noter que l'utilisation de la plateforme de simulation, si elle permet bien de retrouver des conclusions qu'il avait été préalablement possible de cerner qualitativement, ne permet pas encore de quantifier pleinement les effets de telle ou telle mesure ou les évolutions dans le cadre de tel ou tel scénario.
Enfin, il faut anticiper le peak-oil pour mettre en place une politique d'aménagement urbain efficace, pour s'y adapter, quelle qu'elle soit. L'augmentation démographique, si elle se poursuit, augmentera les tensions sur le foncier, le transport, la demande en énergie et le climat urbain. Sans politique concertée et cohérente, l'aménagement et la gestion du territoire devraient être d'autant plus difficile après 2040-2050. L'inertie de la forme urbaine est telle que la ville dessinée en 2100 dépendra beaucoup des décisions d'aménagement prises jusqu'en 2040. Faire les bons choix urbains est un enjeu dès aujourd'hui.

Le Colloque de restitution du projet ACCLIMAT organisé à l'agence d'urbanisme de Toulouse a permis de présenter ces résultats aux acteurs urbains. Le colloque a été ouvert par Claude Raynal, président de l'AUAT, et une centaine de personnes a assisté aux présentations décrivant la méthodologie de construction des scénarios pluridisciplinaires à échéance 2100 (tâche d'ailleurs pilotée par l'AUAT), les procédures et outils de simulation (expansion urbaine et impacts), ainsi bien sûr que les résultats du projet.
  Séminaire de restitution du projet ACCLIMAT
Nos publications

Final capping passivation layers for long-life microsensors in real fluids
Auteurs : Vanhove, E., et al.
2013
Parution : Sensors and Actuators B 178, 350-358
Nom du projet : MAISOE

Hg(II) trace electrochemical detection on gold electrode: Evidence for chloride adsorption as the responsible for the broad baseline
Auteurs : Hezard, T., Laffont, L., Gros, P., Behra, P., Evrard, D.
2013
Parution : J. Electroanal. Chem., 697, 28-31
Nom du projet : MAISOE

> Toutes les publications

 
 
Sommaire
 Edito
 La vie du RTRA
 
    RESULTATS DE L'APPEL A PROJETS 2013
 
    FALL MEETING 2013
 Nos actions
 
    NIVEAU DE VALIDATION TECHNOLOGIQUE DES PROJETS DU RTRA
 
    L'ATELIER "PEIGNES OPTIQUES DE FREQUENCES : DES SOURCES AUX APPLICATIONS"
 
    L'ATELIER "NANOMATERIAUX, NANO-OBJETS POUR LA DETECTION ET LES CAPTEURS"
 
    LE PROJET "ACCLIMAT"
 
 

Atelier Systèmes embarqués d'imagerie 3D par laser
Le Groupe de Travail OPTIM "Optique et Image", soutenu par la Fondation STAE, organise...

Atelier 2f-NIRS : French community for Fonctional - NIRS
Le Chantier "Facteurs humains pour l'aéronautique et l'espace" (FHAE), soutenu par la...

Nouvelle direction au RTRA
Yvan Ségui est nommé Directeur de la Fondation STAE à compter du 1er février 2014.


Restitution du projet MAISOE
Notre dossier est consacré au séminaire de restitution du projet MAISOE (Microlaboratoires d'analyses in situ pour des observatoires environnementaux) qui s'est tenu le 2 octobre 2013, à l'ENSIACET (Toulouse).
  Lire le dossier